An article about Kazuki Tomokawa has appeared in a French magazine
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Kazuki TOMOKAWA “A Bumpkin’s Empty Bravado” PSF. Dist : Forced Exposure
Texte par Michel HENRITZI pour “REVUE & CORRIGEE” #82, Decembre 2009
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Kazuki TOMOKAWA est un classique, j’entends par là qu’il porte l’essence de la musique japonaise, ce qui la ronge ou l’illumine. Plongez sans plus tarder dans son oeuvre, aussi vitale que l’air aux poumons, aussi sombre qu’une nuit sans lune, aussi poisseuse que les blues de Blind Willie Johnson. La musique de TOMOKAWA naît du deuil du temps qui fuit, de la mélancolie du présent, de ce qui manque et ne reviendra pas. Sa voix posée sur le fil d’un rasoir, écorchée, hantée, pleine d’amour et de violence.
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Figure fantôme de l’underground japonais, ombre titubante et fracturée, fragile et brûlée, et cette voix ! Putain de voix comme peu de folklore en porte, où la mélancolie se brise sur le cri d’Artaud le Momo, expressionniste, sauvage, rock n’roll, il faut remonter à Jacques Brel ou Iggy Pop pour danser sur le verre pillé de cette façon. Folk singer brûlé, habité, insoumis, façon Cash sous amphétamines, lui préférant l’eau de feu, partageant avec l’autre la nuit et ses prières. La guitare de TOMOKAWA est faite de dentelles pour être déchirées, d’arpèges manouches cassés, violentés, sa main est celle d’un suicidé, s’ouvrant les veines sur les cordes, le sang sur le sol.
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Vincent Moon vient de réaliser un film magnifique sur lui : “La Faute des Fleurs“, tourné à Osaka sur les dépouilles d’un monde flottant. Quelques extraits sont visibles sur ce lien :
http://www.blogotheque.net/Kazuki-Tomokawa,5100
Moins une vision qu’une hallucination, on n’en sort pas indemne, TOMOKAWA endosse la peau d’un yokai* hurleur dans ce qui semble une maison abandonnée, reste nos fantômes et cette voix pour les chanter.
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Un disque pour entrer dans son univers d’une infinie mélancolie et d’une insoutenable beauté.
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* entité surnaturelle et familière du Japon